Les questions et thématiques abordées dans mes travaux de recherche s’insèrent dans l’Histoire du continent européen à l’époque contemporaine. Elles ont pour focale l’espace germanophone de l’Europe centrale, dans une approche transnationale. Les thématiques traitées se regroupent essentiellement autour de deux pôles : extrémismes, politiques et pratiques d’exclusion, d’une part, et mobilité/circulation des personnes/ idées et aide humanitaire, d’autre part. Les réflexions s’inscrivent dans une Histoire croisée des différentes parties de l’Europe, en mettant ainsi en perspective des processus de globalisation depuis le deuxième XIXe siècle.
Ces différentes trames thématiques sont distinctes mais connectées :
C’est d’abord l’histoire de « l’empire » établi par l’Allemagne nationale-socialiste en Europe, avec un premier volet consacré au cas français et aux relations franco-allemandes, des années 1930 jusqu’à l’effondrement du régime nazi, puis un deuxième volet étendant l’analyse sur tout le continent pour la même période.
La deuxième trame de mes recherches s’insère dans l’Histoire européenne depuis le XIXe siècle, connectant les empires d’Europe centrale et orientale avec les pays de l’Europe occidentale et l’Amérique en tant que continent d’immigration, avec à l’arrière-plan les évolutions socio-politiques contribuant à l’éclatement de ces empires et la naissance d’« Etats-nations » (dont plusieurs s’avéreront à nouveau multinationaux).
Cette deuxième thématique est en l’occurrence abordées par le prisme d’organisations philanthropiques juives. Fondées en France, Grande Bretagne, Autriche et en Allemagne entre 1860 et 1901, celles-ci se donnent pour objectif de lutter pour l’émancipation, par l’éducation notamment, des minorités juives dans les pays et régions où celles-ci vivent en grande précarité. Toutefois, dans le cas étudié ici, l’œuvre de ces organisations finit par soutenir avant tout l’émigration vers le monde transatlantique.
Le cas de la minorité juive en Europe centrale et orientale est emblématique, dans la mesure où il permet d’interroger les processus de construction nationale à partir de leurs marges. Cette minorité, pratiquant une religion et une langue minoritaire, ne peut être associée à un territoire bien délimité, à l’instar d’autres groupes ethno-religieux de la région, alors qu’elle y réside depuis plusieurs siècles.
En réaction à l’émergence de nationalismes qui l’excluent ouvertement, elle est contrainte à la quête identitaire, à la quête d’une (nouvelle) appartenance territoriale et « nationale ».
Etudier cette minorité implique l’analyse des dynamiques d’intégration autant que de désintégration, ainsi que la place du fait religieux, le poids des autorités religieuses dans les processus de construction de nations et d’Etats modernes. Il révèle par ailleurs la concomitance des logiques d’exclusion politiques et socio-économiques. Enfin, les échanges ouverts par l’émigration massive vers les Amériques participent de la transformation des régions d’origine, créant des ponts entre espaces géographiques, culturels et sociaux très éloignés.
(Paris, septembre 2021)