Gabrielle Abbe
Gabrielle Abbe, "Le Service des arts cambodgiens mis en place par George Groslier : genèse, histoire et postérité (1917-1945)", thèse de doctorat soutenue le 23 mars 2018, École doctorale d'Histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Thèse dirigée par le professeur Hugues Tertrais. Président du jury : Pierre Singaravélou (Professeur, Paris 1). Jury composé de : Éric Bourdonneau (MCF, EFEO), Alain Forest (Rapporteur, Professeur émérite, Paris 7 ), Robert Frank (Professeur émérite, Paris 1), Hugues Tertrais (Professeur émérite, Paris 1), Ashley Thompson (Rapporteur, Professeur, SOAS Université de Londres).
Lorsqu'en 1917 le peintre George Groslier (1887·1945) répond au souhait des autorités coloniales de créer à Phnom Penh une école d'art, il propose un vaste programme de«rénovation des arts cambodgiens». S'il définit ceux-ci comme étant «universels», pratiqués par tous, du paysan à l'artiste du Palais, les arts qu'il entend « rénover» sont pourtant ceux qui de tout temps, ont été l'apanage du Palais. Le «Service des arts cambodgiens» qu'il dirige dès 1919 conserve, reformule et exalte un art d’origine palatiale qu'aucune disposition idéologique ne le destinait à promouvoir. Cette étude s'attache à comprendre les modalités de la reprise d'une prérogative royale au profit de l'entreprise coloniale française et entend démontrer que si l'entreprise de Groslier semble marquée de l'empreinte de sa «doctrine», elle s'insère dans faisceau d'initiatives françaises et cambodgiennes qui invitent à relativiser sa singularité. L'étude de l'histoire du Service des arts, observatoire de l'action coloniale de la France au Cambodge, révèle la place centrale du patrimoine khmer dans les relations entre l'administration coloniale et les élites cambodgiennes, avant comme après l'indépendance. Dans la définition qu'en donne Groslier convergent le système de légitimation de l'aristocratie fondé sur le retour à l'âge d'or angkorien, et la mission civilisatrice française qui se vit en protecteur d'un peuple khmer déchu depuis la fin d'Angkor. Cette convergence empiriquement saisie par le premier administrateur colonial né au Cambodge éclaire en grande partie la portée de son action culturelle et sa postérité.
When in 1917 the painter George Groslier (1887-1945) responds to the wish of the colonial authorities to create a school of art in Phnom Penh, he proposes a vast program of ''restoration of the Cambodian arts". If he defines those as “universal”, being practised by all, from the peasant to the artist of the Palace, the arts he intends to "renovate" are however those that have always been the prerogative of the Palace. The "Service des arts cambodgiens" that he directs by 1919 preserves, reformulates and exalts an art of palatial origin that no ideological provision intended him to promote. This study attempts to understand the terms of the resumption of a royal prerogative to the benefit of the French colonial initiative and intends to demonstrate that if Groslier's action seems marked with the imprint of his “doctrine”, it is part of a set of initiatives both French and Cambodian that invite us to relativize its singularity. The study of the history of the Service des arts, observatory of the colonial action of France in Cambodia, reveals the central place of the Khmer heritage in the relations between the colonial administration and the Cambodian elites, before as well as after independence. In Groslier’s definition, the system of legitimation of the aristocracy based on the return of the Angkorian golden age converges with the French civilizing mission, which lives as a protector of Khmer people, fading away since the fall of Angkor. This convergence, empirically seized by the first colonial administrator born in Cambodia mainly clarifies the scope of its cultural action and its posterity.
- Coordination éditoriale
2017 - Avec Mathieu Jestin : « L’archéologie à l’aune des relations internationales », Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin, n°46, automne 2017, (IPR, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).
https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-l-institut-pierre-renouvin-2017-2-page-9.htm
- Chapitres d'ouvrages
2020 - « The Selling of Khmer artefacts during the Colonial Era: Questioning the Perception of Khmer Heritage through a Study of Traded Khmer Art Pieces (1920s-1940s) », in Louise Tythacott & Panggah Ardiyansyah (éds.), Returning Southeast Asia's Past: Objects, Museums and Restitution, Singapour, NUS Press.
- Articles dans des revues à comité de lecture
2021 - « Le Service des arts cambodgiens mis en place par George Groslier. Genèse, histoire et postérité, 1917-1945 », Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin, n°53, automne 2021 (Institut de recherche en histoire des relations internationales, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). https://cairn.info/revue-bulletin-de-l-institut-pierre-renouvin-2121-2-p...
2015 - « Le développement des arts au Cambodge à l'époque coloniale : George Groslier et l'École des Arts cambodgiens (1917-1945) », Udaya, Journal of khmer studies, 12, 2014 [paru en 2015]. http://yosothor.org/uploads/images/Udaya/UDAYA_ISSUES/Udaya_12/04_A_Gabrielle%20Abbe_Udaya12_A.pdf
2013 - « Éléments pour l'histoire du musée de Phnom Penh », Siksacakr, Revue du Centre d'études khmères, n°12-13 (2010-2011), p. 219-234 [paru en 2013]
2011 - « Donner à voir les arts khmers. La Direction des arts cambodgiens, organisme de propagande des arts khmers, 1920-1945 », Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin, n°34, automne 2011 (Institut de recherche en histoire des relations internationales, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-l-institut-pierre-renouvin1-2011-2-page-55.htm
2008 - « La 'rénovation des arts cambodgiens' : George Groslier et le Service des Arts (1917-1945) », Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin, n°27, printemps 2008 (Institut de recherche en histoire des relations internationales, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-l-institut-pierre-renouvin1-2008-1-page-61.htm
- Actes de colloque
2015 - « 'Decadence' and Revival in Cambodian Arts: the Civilising Vision of George Groslier », in « 'Rebirthing' Angkor? Heritage between Decadence, Decay, Revival and the Mission to Civilize », Workshop Proceedings, Heidelberg, 2012 [paru en 2015]. https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-319-13638-7_6
- Notice d'encyclopédie numérique
2018 - Avec Mathieu Jestin : « L'archéologie comme enjeu de fabrication identitaire », Encyclopédie pour une histoire nouvelle de l'Europe [en ligne], LabEx EHNE. https://ehne.fr/fr/node/12191
- Presse
2020 - « La construction d'un mythe », L'Histoire, numéro spécial 'Angkor', Avril 2020, p. 52-59. https://lhistoire.fr/la-construction-dun-mythe-0
2018 - « George Groslier, conservateur des arts cambodgiens », Le Monde Hors-Série, Juillet-Août 2018, p. 58-59.
2018 - « Les pièces de ‘‘l’affaire Malraux’’ », Le Monde Hors-Série, Juillet-Août 2018, p. 60-62.
Communications
- Conférences internationales
2015 - « Le discours patrimonial au Cambodge à l’époque coloniale : entre redéfinition et discours de légitimation », 5ème congrès du GIS – Asie, Paris, 11 septembre 2015.
2015- « L’École des Arts cambodgiens : une création occidentale ? », colloque international Images du Cambodge : mythe, histoire et art contemporain, org : Université Paris 8, Labex Arts H2H, équipe EPHA du laboratoire AIAC, Archives nationales, Paris, 10-11 avril 2015.
2014 - « Le “Service des arts cambodgiens” (1917-1945) : une initiative singulière dans l’Indochine française », 40th annual meeting of the French Colonial Historical Society - Siem Reap, 26-28 juin 2014.
2013 - « The “Service des arts cambodgiens”: George Groslier’s program for Khmer arts », 4th Siem Reap Conference on special topics in khmer studies, - Siem Reap, 6-8 décembre 2013.
2011 - « “Decadence” and revival in Cambodian arts: the work of George Groslier (1887-1945) », 2nd International Workshop about Angkor/ Cambodia « ‘Rebirthing’ Angkor ? Heritage between decadence, decay, revival and the mission to civilize » - Cluster of Excellence « Asia and Europe in a Global Context » Université de Heidelberg, 8-10 mai 2011.
- Cycle de conférences
2020 - « George Groslier, une vie au coeur des arts khmers », cycle de 5 conférences organisé par l'Association française des Amis de l'Orient (AFAO). https://afao-asso.fr/fr/nos-conferences/conferences-passees/61-george-gr...
- Séminaires et journées d’études
2019 - Journée d’études autour de l'exposition « Charles Carpeaux. L'Indochine révélée », Musée des Beaux-Arts de Valenciennes - 16 novembre 2019 : « George Groslier et les danseuses royales du Cambodge : de l'étude picturale à la tentative de reprise d'un art palatial ».
2019 - Journée d’études des jeunes chercheurs du CHAC : « L’inventaire des empires » - Paris 1 - 30 mars 2019 :
« La catégorisation des arts 'indigènes' à l'époque coloniale ».
2018 - Symposium « John Thomson: Reframing Materials, Images and Archives » - SOAS - Université de Londres, 6-7 juin 2018 : « Looking for Cambodia’s Golden Age: how drawings and photographs of Angkor contributed to shape the image of ‘Khmer heritage’ ».
2018 - Atelier doctoral d’Histoire des relations internationales - Labex EHNE - Paris 1 - 24-25 mai 2018 :
« George Groslier, un peintre français au cœur de la politique coloniale de ‘rénovation des arts khmers’ ».
2018 - Journée d’études des jeunes chercheurs du CHAC : « L’empire des langues » - Paris 1 - 31 mars 2018 :
« Qu’est-ce qu’un artiste ? Autour d’un questionnaire bilingue dans le Cambodge colonial (1917) ».
2017 - Centre of South East Asian Studies seminar - SOAS - Université de Londres - Prof. Ashley Thompson,
7 février 2017 : « On the selling of Khmer artefacts during the colonial era ».
2013- Séminaire doctoral du Professeur Laurence Badel - Paris 1 - CHRIC, 6 avril 2013.
2012 et 2010 - Séminaire doctoral du Professeur Hugues Tertrais - Paris 1 - CHAC, 14 avril 2010 et 3 avril 2012.
2010 - Séminaire du Professeur Siyonn Sophearith, Université royale des Beaux-Arts (URBA), Phnom Penh, Cambodge, 4 décembre 2010.
2010 - Séminaire de recherche CASE / EHESS de Pierre-Yves Manguin, directeur d’études EFEO, Paris, 15 juin 2010.
2010 - Séminaire étudiant INALCO / AESCI, Paris, 26 mai 2010
- Interventions média
2016 - France Culture - La Fabrique de l’Histoire – 21 janvier 2016 – Emmanuel Laurentin et Séverine Liatard.
Émission consacrée à « La découverte du site d’Angkor à travers la création de l’EFEO ». Intervention avec Amaury Lorin et Pierre-Yves Manguin.
Docteure en histoire contemporaine des relations internationales de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Gabrielle Abbe a consacré sa thèse au patrimoine khmer à l’époque coloniale et au Service des arts cambodgiens créé par George Groslier (1917-1945). Ses travaux portent sur les institutions muséales, le patrimoine artistique et l’archéologie dans le champ des relations internationales.
Elle a co-dirigé avec Mathieu Jestin, un numéro spécial du Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin, (n°46, automne 2017) consacré à « L’archéologie à l’aune des relations internationales », et a notamment publié : « Le développement des arts au Cambodge à l’époque coloniale : George Groslier et l’École des Arts cambodgiens (1917-1945) », Udaya, Journal of khmer studies, 12, 2014 ; « Éléments pour l’histoire du musée de Phnom Penh », Siksacakr, Revue du Centre d’études khmères, n°12-13 (2010-2011) ; « Donner à voir les arts khmers. La Direction des arts cambodgiens, organisme de propagande des arts khmers, 1920-1945 », Bulletin de l’IPR, n°34, automne 2011 ; « ‘Decadence’ and Revival in Cambodian Arts: the Civilising Vision of George Groslier », in « ‘Rebirthing’ Angkor ? Heritage between Decadence, Decay, Revival and the Mission to Civilize », Heidelberg, 2012.
Gabrielle Abbe enseigne l’histoire de l’art asiatique à l’École du Louvre et travaille actuellement pour le Service des éditions de l’École française d’Extrême-Orient. Elle est qualifiée aux fonctions de Maître de conférences dans la section 22 (Histoire moderne et contemporaine) du Conseil National des Universités (2019).
Holder of a doctorate from the university Paris 1 Panthéon-Sorbonne in History of International Relations, Gabrielle Abbe devoted her thesis to both Khmer heritage during the colonial period and the Service des arts cambodgiens created by George Groslier (1917-1945). Her research focuses on museum institutions, artistic heritage, and archeology in the field of international relations.
She co-edited with Mathieu Jestin a special issue of the Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin (no. 46, fall 2017) devoted to “L’archéologie à l’aune des relations internationales,” and has notably published: “Le développement des arts au Cambodge à l’époque coloniale : George Groslier et l’École des arts cambodgiens (1917-1945),” Udaya, Journal of Khmer Studies, 12, 2014; “Éléments pour l’histoire du musée de Phnom Penh,” Siksacakr, Revue du Centre d’études khmères, nos. 12-13 (2010-2011); “Donner à voir les arts khmers. La Direction des arts cambodgiens, organisme de propagande des arts khmers, 1920-1945,” Bulletin de l’IPR, no. 34, fall 2011; “‘Decadence’ and Revival in Cambodian Arts: the Civilising Vision of George Groslier,” in “Rebirthing” Angkor? Heritage between Decadence, Decay, Revival and the Mission to Civilize, Heidelberg, 2012.
Gabrielle Abbe teaches Asian arts' history at the École du Louvre, and currently works for the publishing service of the French School for Asian Studies (EFEO).