Stratégies de blocages. L'accès aux archives en France et en Allemagne dans une perspective internationale

Une guerre a-t-elle éclaté entre chercheurs, services d’archives et politique en France? C’est du moins ce qu’a suggéré le débat public sur l’Instruction générale interministérielle 1300 (IGI). Qu’en est-il de l’accès aux archives en Allemagne et dans d’autres pays européens? En Allemagne, le transfert des archives de la Stasi aux Archives fédérales (Bundesarchiv) a récemment soulevé des débats sur le rôle de cette institution. Il se pourrait que la question de l’accès aux dossiers Eichmann conservés par les services secrets allemands soit tranchée par un tribunal.
L’accès aux archives est une question d’actualité pressante. Son écho médiatique s’étend bien au-delà des cercles scientifiques et reflète, d’une part, l’exigence de transparence de nos sociétés contemporaines, d’autre part, l’importance accordée dans l’Europe du XXIe siècle – pas toujours sans conflits – à l’usage politique du passé, aux efforts de la justice transitionnelle, de recherche scientifique et du travail de mémoire. Ces derniers temps en Europe de l’Ouest, c’est tout particulièrement le rapport au passé colonial et aux demandes de restitution et de compensation qui incitent à explorer à quel point il est possible de mener des recherches historiques et journalistiques en toute liberté dans les archives.
Le colloque discutera de ces problématiques dans une perspective comparative et interdisciplinaire (histoire, archivistique et pratique des archives, droit, etc.). Il s’intéressera non seulement à la France et à l’Allemagne, mais aussi à d’autres pays de l’Union européenne, parmi lesquels l’Espagne, la Roumanie et la République tchèque. En outre, il se demandera dans quelle mesure les expériences et pratiques nationales peuvent donner lieu à des processus de transferts transnationaux concernant l’examen du passé, mais également son empêchement.

En coopération avec l’université de Lorraine, l’UMR SIRICE et l'université de Jena.