Le langage des relations internationales dans les nations post-impériales
Deuxième séance du séminaire transversal de l'UMR SIRICE "Ecrire, négocier, traduire l'international" le jeudi 21 novembre 2024 à 17h30 en salle 216 du centre Panthéon (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - 12, place du Panthéon - Paris 5e)
Avec Sophie Momzikoff et Victor Louzon.
- Sophie Momzikoff - Les termes d'« étranger proche » (Ближнее Зарубежье) et de « compatriotes à l'étranger » (соотечественники за рубежом) dans le discours politique russe (années 1990)
- Victor Louzon - À la recherche d'un langage chinois des relations internationales : usages et inventions de la tradition (années 2000-2020)
Le séminaire est retransmis en direct via ZOOM : https://pantheonsorbonne.zoom.us/j/93295154028?pwd=RSTJI9A67RtbVavrLmYFx8tIATl7aI.1
ID de réunion : 932 9515 4028
code secret : 346859
Le laboratoire SIRICE est le lieu de recherches très diversifiées sur l’Europe et les régions du monde avec lesquelles elle est en relation. Ces recherches sont sous-tendues par les perspectives transnationales, culturelles ou encore mondiales, qui se sont développées depuis une quarantaine d’années. Dans ce cadre, il nous est apparu que l’histoire des idées et l’histoire des concepts étaient des domaines de recherche encore peu explorés par les historiens internationalistes contemporanéistes français alors qu’elles font l’objet de longue date de réflexions théoriques et de travaux très poussés dans d’autres domaines de recherche et dans d’autres États. Quelques publications ont pourtant associé récemment perspectives conceptuelles et perspectives internationales.
En croisant initialement les travaux de l’historien italien Federico Chabod et ceux de l’historien allemand Reinhart Koselleck, le séminaire entend proposer la discussion tant des concepts, des expressions et des images au coeur du discours des acteurs des relations internationales que des concepts analytiques des historiens. Il souhaite encourager une réflexion sur la circulation et les nouveaux usages de concepts occidentaux anciens (cf. les débats actuels autour de l’ « Europe puissance » ou de la « souveraineté européenne »), sur le moment de leur entrée dans le lexique international, étudier aussi des concepts plus récents (« question », « intervention », « occupation », « solidarité », « réconciliation », « intégration », « dialogue », « global » etc.) et le recours à certaines métaphores (« homme malade », « bloc » etc.). Il voudrait aussi mettre en lumière les concepts et expressions vernaculaires issus d’autres régions du monde que du seul monde occidental, qui disent les « relations internationales », examiner leurs usages régionaux et, par le jeu des traductions et interprétations, les passages d’un espace à un autre, les évolutions sémantiques et les traductions impossibles. Ces concepts, expressions, métaphores seront empruntés à toutes les grandes catégories de l’action internationale (politique, mais aussi économique, religieuse, juridique, technologique, culturelle etc.). La porosité entre le domaine du dire et de l’agir diplomatique, celle existant entre le discours de l’acteur et celui de l’historien, seront débattues. Ce séminaire sera ainsi le lieu d’un espace critique consacré aux concepts analytiques des historiens, devenus de véritables maîtres-mots comme ceux de « souveraineté », « puissance », « réseau » ou « circulation », pour n’en citer que quelques-uns.
Enfin, il entend favoriser l’essor de travaux sur la traduction à l’époque contemporaine comme sur le développement de l’interprétariat de conférence à l’échelle régionale et mondiale, questionner les technologies et la matérialité de la traduction et de l’interprétation, interroger aussi de manière spécifique les pratiques multilingues de l’Union européenne et leurs conséquences pratiques. Une attention particulière sera apportée à la structuration de ces métiers, qui apparaissent comme l’une des premières voies d’entrée des femmes dans les carrières internationales que ce soit dans les domaines régaliens de la diplomatie, de la défense et du renseignement, que dans les organisations non-gouvernementales.
- Public visé
Premier séminaire transversal de l’UMR SIRICE, le séminaire est ouvert à l'ensemble de ses membres, en particulier aux doctorants, dans une perspective proprement « transaxiale ». Il accueillera toutes leurs propositions pour les séances ultérieures. Il accueillera encore tous les chercheurs appartenant à d'autres laboratoires, intéressés par la démarche, et il associera des praticiens.
- Fréquence
4 séances annuelles, 17h30-19h30, le mercredi ou le jeudi, sur le site Panthéon de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (salle 216) et par visio-conférence.
- Appel à communications
Afin de réfléchir dès à présent à l’organisation du séminaire en 2025-2026, nous invitons tout chercheur intéressé par ces thèmes d’échanges et par les perspectives ouvertes, à nous écrire en déclarant son intérêt pour l’étude d’une notion, d’un acteur ou d’une pratique liés aux enjeux énoncés.
- Programme des séances 2024-2025 (1ère année)
Jeudi 3 octobre 2024 – Idées, concepts, relations internationales : trois histoires en dialogue.
Laurence Badel : Faire dialoguer les histoires
Corine Defrance : La réconciliation en Europe : usage du terme et mutations du concept
Jeudi 21 novembre 2024 – Le langage des relations internationales dans les nations post-impériales.
Sophie Momzikoff : Les termes d'« étranger proche » (Ближнее Зарубежье) et de « compatriotes à l'étranger » (соотечественники за рубежом) dans le discours politique russe (années 1990)
Victor Louzon : À la recherche d'un langage chinois des relations internationales : usages et inventions de la tradition (années 2000-2020)
Mercredi 5 février 2025 – Traduire et interpréter dans les relations internationales.
Yvonne Blomann : Traduire à Locarno : Paul Schmidt et Oswald Hesnard à l'heure du premier rapprochement franco-allemand.
Florian Michel : Comprendre le communisme ? Jean Laloy, le diplomate-interprète au début de la guerre froide.
Mercredi 9 avril 2025 – L'automatisation de la traduction: un enjeu dans la Guerre froide et la construction européenne.
Jacqueline Léon : Les débuts de la traduction automatique, une technologie de guerre froide (1949-1966)
Gwénaël Glâtre : Une voie européenne pour la traduction automatique ? Les défis linguistiques de la CEE naissante.