Chloé-Alizée Clément

Les relations culturelles entre le Japon et la France connaissent un tournant après l’envoi de la Joconde à Tōkyō en 1974. Déjà réguliers auparavant, les projets de coopération s’accroissent alors en nombre. L’histoire des relations culturelles franco-japonaises n’est dès lors plus seulement symbolisée par la figure du poète-ambassadeur (詩人大使 shijintaishi) incarnée par Paul Claudel : les musées représentent un terrain propice pour l’élaboration de dispositifs muséographiques, instruments de communication essentiels dans le monde muséal. Ils participent à la redéfinition d’une diplomatie culturelle, qui se rapproche aussi d’une diplomatie publique, fondée sur une activité de communication vers des publics élargis. A la même période, le Japon s’affirme comme un acteur économique majeur, reconnu au sein du nouveau G6. Cette évolution implique une réflexion renouvelée autour de l’identité japonaise, étudiée par le courant des nihonjinron (日本人論), signifiant « discours sur les Japonais ». Cette thèse a pour projet de comprendre comment, dans ce contexte, le Japon a repensé sa diplomatie culturelle et son image, c’est-à-dire la manière dont il est représenté à travers des œuvres singulières ou un parcours muséographique à l’étranger et plus spécifiquement en France, par l’intermédiaire des coopérations muséales. Notre hypothèse est que ces projets entre institutions japonaises et françaises participent à l’élaboration de cette image et permettent de comprendre son évolution à travers le temps. En d’autres termes, il s’agit de saisir comment la question muséale s’insère à partir de la fin des années 1970 dans la diplomatie culturelle japonaise et l’histoire des relations entre la France et le Japon, qui nouent alors des liens forts dans les domaines économiques, industriels et technologiques.